« Suites, séquences et successions dans la fiction narrative »
Colloque de la SATOR, 4-5 juillet 2024, Université de Montréal
Ce colloque se propose de réfléchir, de façon à la fois formelle et thématique (mais toujours topique), à la question de la suite narrative, déclinée sous trois aspects.
Dès ses premières théorisations, le topos satorien a été identifié à une séquence, « un enchaînement où l’ordre des éléments est linéaire » (M. Weil et P. Rodrigues); le topos présente donc (ou peut en tout cas présenter) une dimension séquentielle et orientée. Mais le topos s’inscrit toujours lui-même dans une séquence plus vaste, qui peut être prévisible (un « enfant trouvé » appelle presque nécessairement une « reconnaissance ») ou plus inattendue. Il s’agira d’abord de réfléchir sur ces différentes échelles de la séquence. On s’interrogera sur le caractère linéaire de certains topoi ou regroupements topiques; adoptant une approche plus architecturale de la construction narrative, on examinera certaines structures d’ensemble qui organisent ou encadrent les topoi (lesquelles structures peuvent, bien sûr, avoir elles-mêmes un caractère topique); sur un plan plus abstrait, enfin, on pourra tenter de théoriser le mode de construction par montage de topoi qui caractérise de nombreux régimes narratifs, toutes époques et cultures confondues.
De L’Odyssée jusqu’aux « franchises » cinématographiques contemporaines, les œuvres narratives ont régulièrement suscité des suites, auctoriales ou allographes; l’Ancien Régime français est un terreau fertile pour ce type de réécriture, alors que s’y prolongent (plusieurs fois) Don Quichotte, Gulliver, Candide, l’Histoire de Gil Blas, La Nouvelle Héloïse ou Les Infortunes de la vertu. Dans un deuxième axe, le colloque voudrait inviter les chercheuses et les chercheurs à envisager cette pratique métafictionnelle et archidispositive. La suite peut-elle être considérée comme un topos? Présente-t-elle des topoi ou des motifs caractéristiques, voire spécifiques? Quelles relations (de fidélité, de trahison, de subversion) les différentes suites entretiennent-elles avec l’œuvre qu’elles poursuivent? Quels sont les types d’ensemble (successifs ou arborescents) que crée la jonction de ces différents opus?
Au XVIIIe siècle, la suite prend souvent la forme de la succession : les aventures du père cèdent par exemple la place à celles du fils, comme dans La Vie de don Alphonse Blas de Lirias ou le Voyage de M. Candide fils au pays d’Eldorado. Nous voudrions prendre appui sur cette logique générationnelle pour ouvrir une réflexion plus vaste sur les modes de l’héritage et de la passation dans la fiction narrative. Il pourra être question de transmissions compliquées (ou réussies), de tentatives de spoliation ou de détournement d’héritage (comme dans les romans populaires du XIXe siècle, du Juif errant aux Habits noirs), de querelles d’héritiers, des différentes formes (matérielles ou idéelles) que peut prendre un patrimoine, etc.
La SATOR s’est concentrée pendant ses premières décennies d’existence sur la littérature française puis sur les littératures européennes « d’Ancien Régime » (du Moyen-Âge au XVIIIe siècle inclusivement); si ce corpus continue d’orienter nombre de ses travaux, elle s’est ouverte progressivement aux époques antérieures et postérieures (Antiquité, XIXe-XXIe siècles) et à d’autres aires culturelles. Par conséquent, le comité scientifique examinera volontiers les propositions portant sur la fiction narrative au sens large, toutes époques et toutes aires culturelles confondues, à la fois littéraire et audio-visuelle.
Les propositions de communications sont à envoyer avant le 20 février 2024 à ugo.dionne@umontreal.ca et à yen-mai.tran-gervat@sorbonne-nouvelle.fr
Une réponse sera envoyée aux auteurs et autrices des propositions au plus tard le 15 mars 2024.
Url de référence :
https://sator.hypotheses.org/1174